Déclaration liminaire au Comité de liaison France Travail

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Publié le 23 déc. 2025
Le vendredi 12 décembre à Quimper
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Les Comités de liaison ont été instaurés par la loi de lutte contre l’exclusion du 29 juillet 1998. Dont acte !


C’est ce fondement même que je suis venu personnellement servir au sein de cette instance en espérant une réponse appropriée à ce qui fomente dans ce département, c’est aussi la parole des exclus décrétés par un tribunal de circonstance que je viens ici porter.


J’entends ici et là, inlassablement, que la fraude sociale deviendrait l’alpha et l’omega de nos priorités, et que s’y ajouterait une forme de plaisir à l’oisiveté chez les privés d’emploi.


Je redis d’ailleurs au passage l’importance des mots...et que ce choix même de chômeur est hérésie…le privé d’emploi n’est pas acteur dans l’acte de chômer, mais victime d’un moment qui l’empêche de travailler, donc de s’affirmer socialement comme nous aimerions tous pouvoir le faire.


S’agissant du climat de suspicion qui rôde, j’en réaffirme la malhonnêteté intellectuelle. D’ailleurs, la cgt est un peu lassée, là encore, des ces power point qui nous expliquent les besoins de main d’œuvre, qu’ils soient territoriaux ou pas.
Il est évident que des besoins d’embauche seront toujours d’actualité, dès lors ou certains métiers sont moins attractifs et que peut être les formations initiales ne sont pas en corrélation avec le monde de l’entreprise.

Nul besoin de nous rappeler une tension inévitable, car ces diaporamas comme celui que j’ai pu lire intitulé « enquête besoin en main d’œuvre 2025 », participent toujours à nourrir ce climat de suspicion qui ne sert qu’une infime partie de la réalité.
Un chiffre, que je rappelle, il y a dans ce pays, 1 emploi vacant pour 11 privés d’emploi.
C’est dans ce cadre que je vais désormais m’attarder sur ce qui se trame dans le Finistère avec la politique de M. De Calan.

Il met en place une politique d’exclusion des allocataires RSA, comme nulle part ailleurs. Je crois d’ailleurs que les chiffres de France Travail le démontrent. 
Ce qu’il explique, et ce dont il se targue, c’est de la baisse du nombre d’allocataire RSA dans ce Finistère.

Nous savons ici tous pourquoi, et si nous avons, dans cette enceinte, un regard un peu plus tendre sur les difficultés que vivent les allocataires, le président du conseil départemental s’en contrefiche, il s’est acoquiné, en les embauchant, avec quelques mercenaires du contrôle qui y vont à la sulfateuse.
La CGT a décidé de recueillir les témoignages des victimes de ce système qui s’acharne à les culpabiliser, à les violenter, à les exclure.
C’est en plusieurs dizaines de paroles, que ces victimes viennent nous parler, et ce qu’ils et elles décrivent est insupportable.

Des documents intimes sont requis , épluchés et jugés…Des réponses  qui découlent de ces regards intrusifs sont exigées…si elles ne conviennent pas le contrôleur revient à la charge plus exigeant encore…et c’est à ce moment que ces demandes intrusives de justificatifs deviennent ultimatum : ici est demandé l’attestation d’un ex conjoint violent qui attesterait qu’il n’habite plus avec la victime, ici sont exigés des relevés bancaires très anciens dont la copie coute 10 euros, ici on indique à la contrôlée qu’elle doit imposer une pension alimentaire à son ex conjoint, ici et toujours, on réclame des explications qui impliquent des dizaines de photocopies, ici, le téléphone, l’ordinateur et l’imprimante sont nécessaires pour répondre aux contrôles, ici les services du contrôle ont perdu ou n'ont pas reçu les documents pourtant transmis, ici on exige d’accéder aux livret A des enfants, ici, on explique à l’artiste que ce n’est pas un métier, que faire du miel, ça ne rapporte pas assez, ici, on hurle sur une allocataire parce qu’elle aura appelé son coach « contrôleur »...etc
C’est, la CGT l’affirme, dans ce département, un système d’exclusion inquisitorial qui est mis en place et assumé par Mael de Calan. 

Le tout pour faire disparaitre de ses données chiffrées, des allocataires…
Pour l’individu, ces allocataires sont devenus des moyens politiques, et dans un cadre violent, les allocataires pressés, parfois humiliés, souvent malmenés et toujours menacés d’une exclusion à courte échéance, sont déshumanisés. 
Déjà vulnérables, ils et elles souffrent, elles ont peur du lendemain, car ce lendemain, ils et elles l’ont déjà vécu, les contrôleurs ne les lâchent jamais, quand ils ont obtenu réponse à un 1er contrôle, ils reviendront pour un second très vite jusqu’à décourager l’allocataire…

La méthode est brutale, elle fait parler les chiffres, mais nous sommes loin de l’accompagnement social pour lequel Maël de Calan a été mandaté. C’est en théorie, sa seule compétence, même, si de toute évidence, son intérêt est ailleurs.
La CGT, dans cette enceinte, vous alerte, et dénonce la violence de ces contrôles. La CGT souhaite que le CDL s’applique dans un travail d’enquête, à mesurer la réalité de ces exclusions. Car compter moins d’allocataires n’est pas synonyme de retour à l’emploi, comme nos nombreux témoignages d’exclusion et de suspension l’illustrent.
Merci de votre écoute.

 

 

 

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