Un homme est mort
1950. La guerre est finie mais Brest n’est encore qu’un vague champ de ruines en reconstruction. Les milliers d’ouvriers travaillant sur les chantiers sont hébergés dans des « baraques ». Pour protester contre la misère et les conditions de travail, la grève éclate. Le 17 avril 1950, lors d’une manifestation particulièrement violente, la police ouvre le feu. Un homme s’écroule, tué d’une balle en pleine tête.
En avril 1950, le cinéaste René Vautier débarque à Brest, clandestinement. Il doit en effet se faire très discret depuis son film brûlot Afrique 50, un documentaire dénonçant le système colonial français. Cette fois-ci, René répond à l’appel de la CGT, qui souhaite avoir un film sur les mouvements syndicaux d’ampleur croissante sur les chantiers de reconstruction de la ville. En effet, dénonçant la rigueur de leurs conditions salariales, les ouvriers du bâtiment ont tous débrayés, réclamant de meilleurs traitements. Rejoints par les traminots et les dockers, ils projettent à présent une grande manifestation pour le lendemain. René passe la nuit à la campagne, chez des amis, tandis qu’à la mairie de Brest, une décision préfectorale tombe in extremis, interdisant la manifestation. Le lendemain, les trains sont en grève et René est contraint d’attendre une journée de plus pour rejoindre Brest. Il n’assiste donc pas aux évènements tragiques : les contestataires jettent des pierres sur les CRS ; ces derniers répliquent à balles réelles. Un homme, Edouard Mazé, en prend une en pleine tête. Le lendemain, René arrive avec sa caméra et filme sans prise de son les témoignages poignants des syndiqués. Il décide ensuite de compléter ces images par la lecture d’un poème de Paul Eluard : « un homme est mort »…
Histoire d'un film-documentaire ayant pour sujet l'assassinat d'un manifestant lors des mouvements sociaux de Brest en 1950. Une BD-témoignage poignante, par LES spécialistes du genre... Témoignage engagé, sur les luttes syndicales féroces dans une ville de Brest où " tout n'est plus pareil et tout est abîmé" (comme l'écrivait Jacques Prévert), méconnaissable et en pleine transformation dans les années d'après guerre. Il est des livres qui font un travail de mémoire, "la mort d'un homme" est de ceux-là.